J’en ai eu un !

De quoi ? Et bien l’oiseau rare du festival. Celui après qui toutes les compagnies courent. Ce pourquoi les comédiens investissent tant d’argent et de leur personne pendant un mois : Un programmateur.
Bon, j’avoue j’ai un peu triché, je le connaissais déjà. Il a programmé plusieurs de mes spectacles. Mais je n’ai pas raté l’occasion d’échanger avec lui sur sa vision du festival d’Avignon, lui qui vient ici acheter des spectacles pour la saison 2018-2019 de son théâtre.
Il court, il court le programmateur…
D’abord Avignon pour les programmateurs, comme pour les comédiens c’est avant tout un calvaire pour les pieds (cette année, il est bon pour une entorse de la cheville). En effet, descendu pour 4 jours, il va voir de trois à cinq spectacles par jour. Une course poursuite pour aller d’un théâtre à l’autre et un casse-tête pour le planning. Pour avoir aperçu celui-ci, s’il y avait du tableau Excel au départ, raturé, trituré, il tient plus à la fin du séjour de la toile de Miro.
Comment choisit-il un spectacle ?
Comme n’importe quel festivalier, il y a pour le programmateur cette impossibilité de tout voir parmi les 1480 spectacles. Alors comment choisit-il les spectacles ?
D’abord, il y a les Cies avec lesquelles il a l’habitude de travailler, ceux qui ont déjà une presse ou qui correspondent déjà au style recherché. L’imposant catalogue ou l’emailing des troupes avant le festival ne semble pas être très impactant dans le choix (il reçoit plus de 150 mails par jours, difficile d’y être sensible).
Et puis, il y a une part de rencontre. J’ai été heureux d’entendre qu’il se laissait la possibilité d’aller voir des spectacles suite à un échange avec un comédien en parade (le costume, le thème, mais aussi, et surtout la manière dont on lui en parle joue beaucoup). Entre un quart et un tiers de son planning est consacré à cette forme de coup de cœur. Comédiens, chargés de diffusion, vous savez ce qui vous reste à faire !
Pourquoi n’aller qu’à Avignon ?
Questionné sur le fait qu’il aille voir des spectacles à Avignon qu’il aurait pu voir le reste de l’année, près de chez lui, dans sa région, il m’a avoué avoir un peu honte de cela. Mais ultra sollicité, il a admis être mentalement plus disponible durant le festival. Durant la saison, certains samedis, il reçoit 3 à 4 invitations pour se rendre à un spectacle, tout en devant aussi faire face à des contraintes familiales. Avignon est pour lui un moment qui n’est consacré qu’à cela, et uniquement à cela.
La crainte de l’overdose
Voir autant de spectacles n’est pas toujours évident. Si une pièce peut-être entamée par l’humeur d’un comédien, les conditions dans lequel le programmateur va la voir aussi (type de salle, de lumière de sonorisation, assise…) Mais aussi son état d’esprit, il vaut mieux qu’il soit disponible intellectuellement. D’ailleurs parfois (pour reprendre ses mots), après un mauvais spectacle, comme après un mauvais vin, le goût âpre reste encore quand on déguste le suivant.
Espérons qu’il trouvera de grands crus à programmer cette année.
