[…] Les conditions étaient autrement plus difficiles qu’aujourd’hui, la pièce nous demandant un immense travail physique et de voix, pour coller à la partition qu’avait imaginée Wilhelm Queyras. Nous logions en plus en dehors d’Avignon, en grande partie sous tente, et il nous fallait prendre la voiture tous les jours. Il en était de même pour le théâtre : mal équipé, avec une loge minuscule, peu aérée où nous luttions pour trouver la place et le temps de nous maquiller, alors qu’il nous fallait pas moins d’une heure de maquillage par personne ! Je me souviens du « pétage de câble » de Julien Bourières, qui jouait le pompier : après s’être maquillé une première fois, il avait vu son maquillage dégouliner entièrement à cause de la chaleur. Dans la précipitation, il avait alors dû tout recommencer de zéro… Sans oublier bien sûr l’exiguïté du plateau qui faisait que nous touchions les spectateurs, ou encore l’absence de coulisses qui m’avait conduit, dans une scène où je devais courir de l’une à l’autre, à carrément grimper au mur ! Cette initiative prise lors de la première, avait été conservée, comme quoi les contraintes sont créatrices… Les coups de fatigue et coups de gueule avaient été nombreux : plus jeunes, nous avions eu comme travers, je pense, de vouloir tout faire ensemble, au point de nous infliger une immense pression. Immenses avaient été aussi l’expérience acquise et le plaisir. […]
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« Tous ceux qui aiment ce festival devraient avoir à cœur de lire ce récit, pour comprendre la réalité de ce que vivent ceux par qui il existe : les artistes. »