
1500 spectacles, un investissement financier autour de 30 000 euros et un engagement personnel de bien plus d’un mois. Pourquoi venir à Avignon quand on est une compagnie ?
C’est bientôt la fin du festival Off, et malgré ce qu’annoncent beaucoup de médias, le festival n’est pas encore terminé (il finit le 30, c’est le In qui se termine aujourd’hui). Il n’est pas encore l’heure de faire un bilan et pourtant…
Rencontre avec Franck Regnier qui a mis en scène et produit avec sa Cie Nandi le Magasin des suicides. Pour son spectacle, il a déboursé près de 33 000 euros pour la location de la salle (presque la moitié du budget), les salaires, les affiches, les tracts, transport du décor, le logement (une maison en colocation avec le Collectif Yggdrasil qui joue L’histoire du cinéma en 1h15 pétante dans le même théâtre) Près de 50% du budget est d’ailleurs un apport personnel, Franck ne souhaitant pas passer par une plateforme de Crowfunding préférant que les gens viennent voir le spectacle.

Pourquoi venir à Avignon ? Pourquoi un tel risque ?
Pour finaliser la pièce d’abord, le festival d’Avignon offre la possibilité de la jouer 25 fois de suite. Une aubaine pour faire évoluer le spectacle. L’autre but avoué est bien entendu de pouvoir toucher un maximum de programmateurs ainsi que les médias. Du fait de la concentration de ces derniers, le festival d’Avignon est un formidable accélérateur quand cela marche. À ce jour, Le magasin des suicides a pu recevoir une cinquantaine de professionnels et déjà cinq critiques dans la presse. (Sachant que la compagnie avait envoyé pas loin de 900 invitations par mail et par papier et en avait relancé en juin près de 500)
Au-delà des programmateurs, il y aussi le public
Mais le vrai succès pour la compagnie est sans doute la rencontre avec le public. Selon le prévisionnel, la location de la salle était remboursée avec 60 personnes par jour (pour une salle de 190), et l’investissement complet d’Avignon avec une moyenne de 105 personnes par jour. Pari réussi puisqu’avec grand bonheur ils ont toujours été au-dessus, faisant régulièrement complet.
L’arbre qui cache la forêt
Une réussite pour la première création de cette compagnie, qui sans aucun doute reviendra l’an prochain. La plupart des bénéfices seront d’ailleurs réinvestis dans cette seconde saison (avec pour ambition de payer un peu plus les comédiens et d’avoir une salle plus adaptée). Un soulagement pour Franck que le stress ne quittait plus depuis le mois de mai et qui avait atteint son apogée la première semaine de juillet. Une chance, car toutes les compagnies ne sont pas dans son cas. La moyenne des spectateurs à Avignon, du fait de la concentration de proposition, est de 10 spectateurs par spectacles. Quant aux programmateurs…
Une économie et bien plus que ça
Par Franck et tous les autres, je salue ces entrepreneurs ayant tellement foi en leurs projets, ces artistes un peu fous, voire carrément inconscients prêts à prendre de tels risques pour nous offrir le temps d’une heure un divertissement, un peu de rêve, de matière à réfléchir et aussi un peu d’eux même.