Bizarre contrainte de l’actualité :
Aujourd’hui je suis interviewé sur mon roman « A qui profite le Kir ®
? »
La journaliste : « J’ai passé un chouette moment avec vos personnages… et puis, compte tenu de l’actualité sanglante, il a pris tout à coup et malgré lui une coloration plus tragique. Mes questions risquent de s’en ressentir. »
et pour cause quelques temps plus tard :
La journaliste : « J’avais d’abord pensé à vous demander si, franchement, une cause aussi ridicule que la défense d’un apéritif pouvait conduire des tordus à une telle aberration comme le terrorisme, et puis… l’attentat à « Charlie » a eu lieu. Et je vous repose la question : si le ressort de votre livre est d’abord comique, y avez-vous glissé des craintes personnelles, ou des constats sociaux sur les dérives sanglantes auxquelles une cause, même la plus aberrante vue de l’extérieur, peut conduire ? »
Moi : « Ma réponse est évidement oui. Mais je ne pensais pas à ce point ! J’ai toujours pensé que le rire était une forme d’expression pour faire passer légèrement des idées fortes (Charb, Cabu, Wolinski et les autres, ne m’auraient pas contredit). »
Puis surtout, j’ai exhumé la petite note d’intention qui accompagnait mon manuscrit quand je l’ai envoyé à mon éditeur :
« Par ce roman policier, j’ai voulu aborder avec humour, la fascination que peuvent avoir sur nous les sociétés-secrètes. En imaginant, une confrérie meurtrière dont la cause risible est la défense d’un apéritif bourguignon, je me suis amusé à détourner les codes du fanatisme, de l’indépendantisme ou de la dangereuse manipulation historique, poussant au terrorisme. »
Un écrit d’hier qui résonne étrangement aujourd’hui !